lundi 1 mars 2010

Lundi 3 décembre.

Ce matin là, je suis allé voir le grand-père à la maison de retraite pour lui dire au revoir...Comme bien souvent je le trouvai assis à sa table en train de lire le Dauphiné Libéré...Plus particulièrement, les prévisions de la météo, le programme télé et les avis de décès...En bavardant avec lui j’essayai de lui faire comprendre que j’espérais revenir bientôt libéré d’obligations militaires...J'ajoutai qu’aller là-bas moisir un an c’était trop et que je ne pourrais jamais le supporter...Lui qui avait quatre-vingt-cinq balais, participé à la bataille de Verdun, gagné médailles et autres citations, tout mon discours l’a pour le moins surpris, se demandant sans doute ce qui pouvait bien m’arriver !...Le quittant il me recommandait de faire bien attention et à son avis, j’avais plus à perdre qu’à gagner dans cette histoire...Après ces bonnes paroles nous nous sommes salués après qu’il m’ait donné deux cents francs pour la route...
Rentré,j'ai mangé vite fait...Mon père devait sortir plus tôt de l'usine pour m'emmener à Pontcharra prendre le train de midi pour Grenoble...Nous sommes arrivés en avance à la gare...C'était l'heure de la sortie de l'école...Les gosses rentraient chez eux...Sur le quai, avec nous, attendaient trois étudiants et un groupe de travailleurs immigrés. Le train est arrivé..."Au revoir ! A bientôt j'espère !"...Je me suis retrouvé dans un compartiment avec deux Italiens qui tenaient une discussion passionnée...Ils se moquaient pas mal de mes problèmes, j'étais à quinze mille des leurs...Il faisait très beau ce jour là. Le massif de la Chartreuse était blanc. Les sapins ressortaient du tapis neigeux...En face du plateau des Petites Roches j'ai pensé à Claire qui travaillait là-haut...Elle m'avait téléphoné deux jours avant...Ca m'avait fait plaisir. Elle m'avait dit de revenir vite...
Arrivé à Grenoble à une heure, le train de Nantes ne partait qu'à cinq...J'avais ainsi quatre heures à traîner...La ville était des plus calme, la circulation fluide...Je suis allé me promener sur les quais de l'Isère...En chemin je rencontrai un ancien collègue de promo avec lequel j'avais perdu tout contact (je n'en avais jamais bien eu d'ailleurs !)...Il m'a demandé ce que je faisais par là avec ma parka et mon gros pull-over ?...Il faisait en effet très chaud...Il m'a donné de ses nouvelles...Vu la quantité et la qualité de mon propos, il a dû se demander si je n'avais pas viré dingue ?..."-Allez, salut va !"...
Après avoir parcouru de long en large le quartier Saint-Laurent j'allai m'enfermer deux heures dans une salle de la Nef qui passait "Portier de Nuit" un film de Liliana Cavani avec Dirk Bogarde et Charlotte Rampling, film qui se passait à Vienne dans les années 50 où Max, un ancien officier SS, portier de nuit dans un grand hôtel retrouve un jour par hasard Lucia, l’épouse d’un chef d’orchestre, un fantôme de son passé louche...Film bien glauque où les deux héros se font tuer sur un pont à la fin de l'histoire...